Designer sensible: Ma bataille entre le monde de l’industrie et ma vision de l’humain.

Je ne vais pas tourner autour du pot: Il y a une différence claire entre le besoin de l’industrie et le besoin de l’humain, et le tout me ronge de l’intérieur.

Par le passé, j’ai dit “oui” à plusieurs mandats pour gagner de l’expérience, ou pour m’aider à commencer ma carrière. Petit à petit, toutefois, le temps passait et je me suis mise à faire de plus en plus de ces designs, dédiés à servir la croissance d’un organisme qui, au final, souhaitait surtout réussir monétairement. J’ai lentement et péniblement senti ma passion et ma créativité fondre pour ne plus être laissée qu’avec un squelette rigide et froid qui me permettait de garder ma colone dans une industrie qui est au service d’elle-même, et non des gens.

La réalisation a été pénible. C’était comme si, douloureusement, on se réveil un matin en regardant la personne endormie à-côté de nous sans ressentir le moindre amour, le moindre intérêt. J’ai eu l’impression de perdre quelque chose de précieux, que cela m’avait quitté au fil des jours, faute de lui avoir accordé mon attention, mon intérêt, mon temps. Je me suis sentie comme vide. Ça m’a fait très peur.

Je me suis demandée si c’était un burn-out, car je sentais une grande lassitude. Pourtant non, je sens au fond de moi encore l’énergie remuer, mais comme si elle ne pouvait plus sortir.

Je me suis demandée si j’étais déprimée. Je ne pense pas, je me sens relativement bien, je ne me sens pas malheureuse.

Je me suis questionnée sur mes conditions de travail. Elles sont parfaites, j’ai un salaire satisfaisant, un horaire flexible et je pourrais travailler autant que je le veux.

Puis je me suis questionnée sur le sens de ce que je faisais. Est-ce que j’ai l’impression d’être utile? Est-ce que je me sens stimulée, je sens que mes compétences brillent et permettent de faire ce que j’aime le plus, soit: connecter aux gens afin de leur apporter confort, sagesse et/ou épanouissement? Ou est-ce que, au minimum, j’ai l’impression que ce que je fais me permet de moi, m’épanouir? Sentir que je partage une vision créative honnête et pensée?

Comme un poids qui tombe sur ma poîtrine, la réponse s’est immisciée en moi: non.

Non, non, non. Je me sens complètement déconnectée et je n’ai pas l’impression que ce que je fais me permet d’avancer vers ma vision profonde.

J’ai cru que cette constatation m’apporterait clarté et légèreté, mais elle m’a plutôt chamboulée et rendue très anxieuse, car elle apporte avec elle une très grosse question: Alors, quoi?

Pour être honnête, je ne sais pas exactement. Et je crois que c’est correct et qu’il faut normaliser ce sentiment d’être perdue devant de grandes périodes de transition/ tranformation intérieure.
En globalité, ma vision se résume à:
- Investir mon temps dans des mandats ou des projets qui ont un impact tangible sur l’humain
- Apprendre à connaitre l’audience et l’historique des entreprises avec lesquelles je travaille
- Prendre le temps de communiquer et de co-créer avec chaque responsable d’entreprise pour assurer la fonctionnalité de chaque création ou, du moins, garantir la pertinence auprès de l’audience
- M’orienter vers des partenariats long-terme afin de pouvoir travailler avec et analyser l’impact tangible de mes créations.

Malgré l’intensité de tout cela, une chose m’apparaît clairement: Moins de corpo, plus de projets à échelle humaine.
Cela signifie de réduire:
- Les mandats axés sur les compagnies froides et axées sur la consommation inutile
- Le temps passé à créer des documents qui ne servent qu’à satisfaire les investisseurs
- La pression de trouver des mandats là, maintenant et de devoir prendre n’importe quelle opportunité

Je tiens à mettre de l’emphase sur ce dernier point. Le stress financier est une variable qui influence considérablement ma flexibilité et ma capacité à travailler uniquement avec des projets qui me nourissent et qui servent les causes, ou les buts, auxquels je crois. C’est un sujet incroyablement tabou dans le monde de l’entrepreneuriat… Je vous promets de vous en parler très bientôt!

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